DNA : « le nouvel état de siège » du Parlement européen
15 février 2012
Europe « Bataille du siège » du Parlement européen
Le nouvel état du siège
Hier, un argument anti-Strasbourg est tombé : le siège alsacien du Parlement européen coûte quatre fois moins cher que ne le disent ses détracteurs.
« Nous avons enfin une étude à opposer à celles des anti-Strasbourg.
Et si la question du siège reste une question politique, elle n’est plus une question technique », se réjouissait l’eurodéputée écologiste alsacienne Sandrine Bélier avec, sous les yeux, le rapport Le siège dans tous ses Etats présenté hier par l’Association européenne des jeunes entrepreneurs, AEJE (DNA d’hier).
Car le siège de Strasbourg ne coûte pas 200 millions d’euros par an comme le dénoncent ses détracteurs. Selon le secrétariat général du Parlement lui-même, affirme l’étude de l’AEJE, son coût annuel serait de 51,5 millions d’euros (dont 18 millions liés aux sessions qui seraient dépensés de la même façon si elles avaient lieu à Bruxelles), soit 0,04% du budget de l’Union européenne. Ce qui revient, par citoyen et par an, à 10 centimes (et non « 10% » comme nous l’écrivions hier par erreur)... Quatre fois moins, donc.
« Strasbourg n’a pas à s’excuser »
Et ce n’est pas tout des divisions. Car le coût environnemental de la transhumance mensuelle vers Strasbourg est lui aussi sévèrement revu à la baisse : le chiffre de 18 000 tonnes de CO2 par an avancé par le groupe des Verts – « chiffre largement médiatisé depuis », rappelle Pierre Loeb, président de l’AEJE et artisan de cette nouvelle étude – passe à 4 200 tonnes.
À la table des pro-Strasbourg présents hier pour parrainer le rapport, ces zéros en moins faisaient sourire. « Ceux qui disent que les sessions strasbourgeoises coûtent trop cher et polluent trop sont les mêmes qui font des allers et retours répétés entre Bruxelles et leurs capitales, où ils disent avoir de grandes obligations, générant beaucoup plus de dépenses et de CO2 », a même balancé sans détour le conservateur luxembourgeois Franck Engel, au côté d’une conservatrice bulgare, d’un socialiste tchèque et des trois élues du Grand Est français Sandrine Bélier (Verts), Nathalie Griesbeck (groupe libéral) et Véronique Mathieu (groupe conservateur). « Strasbourg n’a pas à s’excuser d’être le siège du Parlement européen. Ni à s’excuser d’être ce qu’elle est », a poursuivi le tempétueux Luxembourgeois.
Mais elle a quelques efforts à fournir, estime le « rapport Loeb », qui liste 22 recommandations pour pouvoir, au-delà des chiffres, continuer à saper les arguments de ses opposants. Par exemple en mettant en place une charte d’accueil avec les hôtels, dont les pratiques tarifaires sont jugées inamicales par les députés et leurs assistants. Ou encore en reliant directement par tram le Parlement et la gare... Un détail, certes, mais tout un symbole alors que l’accessibilité de la ville est sans cesse décriée. Car la balle est aussi dans le camp des collectivités territoriales et de l’État pour une meilleure desserte entre les États membres et l’Alsace. « On y travaille », assurait hier sans plus de détail le ministre délégué aux Affaires européennes Jean Leonetti, en visite à Strasbourg pour la session. Le même discours que nous ont déjà servi tous ses – peut-être trop nombreux – prédécesseurs ces cinq dernières années.
Mais Pierre Loeb et l’AEJE comptent veiller à l’application de leurs recommandations. « Rendez-vous dans six mois », assurait hier le jeune lobbyiste.
par Anne-Camille Beckelynk - Parlement européen, publié le 15/02/2012 à 05:00