"Une arrogance anglo-saxonne de plus à l'UE"
"L’Association Européenne des Jeunes Entrepreneurs (AEJE) - sous la direction de Pierre Loeb -a réalisé à ses frais une étude sérieuse, passant au crible les arguments historiques, institutionnels, politiques, financiers et environnementaux, pour conclure qu’il ne devait y avoir qu’un seul siège en effet,
comme au départ de l’aventure européenne et c’est Strasbourg. Un fascicule de 50 pages est disponible sur le net, en français, anglais, allemand et espagnol (http://www.jeunes-entrepreneurs.eu/) Il faut la foi pour produire un tel plaidoyer, incontestable. D’aucuns pensent d’ailleurs qu’il serait grand temps de créer une escouade de lobbyistes qui poursuivrait ce travail et le diffuserait plus largement. Aux Institutionnels mais aussi aux monde économique de s’en charger ou alors encaisser les coups de la « perfide Albion"
Une arrogance anglo-saxonne de plus à l’UE
U.E : « One seat » ? Yes.
OUI mais à Strasbourg.
One seat, a dream ! Pour qui ? Ces Anglais sont insupportables d’effronterie illégitime.
Tireraient-ils cette fois les premiers mais sans y être invités comme la légende de la bataille de Fontenoy le voudrait. Trois snipers britanniques (Mc Millan-Scott, Fox et Earnshaw, des noms de western) reviennent à la charge et obtiennent un vote favorable de 5 amendements au budget par une majorité d’eurodéputés mais à double interprétation possible, pour que le Parlement Européen n’ait qu’un seul siège.
Les uns entendent Bruxelles où ont lieu les sessions additionnelles, les autres Strasbourg où se tiennent les sessions ordinaires, comme le prévoient les traités.
Mais apparemment, c’est surtout Bruxelles ou plus enore Brussel, qui l’emporterait.
Des arguments souvent fallacieux d’un côté ( coûts, écologie, confort…et de l’autre, Strasbourg qui se contente, sans coup férir et sans détermination intransigeante, d’agiter des symboles, sûre de son bon droit.
Les traités, rien que les traités.
Un seul siège en effet : Strasbourg.
Toute modification des traités requiert, pour l’heure, l’approbation unanime des 27 gouvernements. Les amendements votés, s’ils étaient jugés recevables et appliqués, y contreviendraient gravement. Pourtant !
L’Association Européenne des Jeunes Entrepreneurs (AEJE) - sous la direction de Pierre Loeb -a réalisé à ses frais une étude sérieuse, passant au crible les arguments historiques, institutionnels, politiques, financiers et environnementaux, pour conclure qu’il ne devait y avoir qu’un seul siège en effet, comme au départ de l’aventure européenne et c’est Strasbourg. Un fascicule de 50 pages est disponible sur le net, en français, anglais, allemand et espagnol (http://www.jeunes-entrepreneurs.eu/) Il faut la foi pour produire un tel plaidoyer, incontestable. D’aucuns pensent d’ailleurs qu’il serait grand temps de créer une escouade de lobbyistes qui poursuivrait ce travail et le diffuserait plus largement. Aux Institutionnels mais aussi aux monde économique de s’en charger ou alors encaisser les coups de la « perfide Albion ».
Si de l’autre côté les arguments des députés anglo-saxons sont empreints d’une mauvaise foi évidente que dénonce avec une talentueuse ardeur et sans vergogne un journaliste allemand, Kaï Littmann de Eurojournal-3Ufer3rives (http://www.eurojournal.net), ils sont cependant entendus avec complaisance.
Polémiste redoutable, le journaliste évoque, cynique, un avantage majeur de Bruxelles : leRotlicht-District, le quartier aux lanternes rouges et la proximité des Coffeshops hollandais que Strasbourg et sa région même avec l’Outre-Rhin immédiat, ne sauraient offrir aux supposés studieux parlementaires, à leurs attachés et aux 5000 lobbyistes bruxellois. Toute pudibonderie bue ! Normal, sans plus.
Il rappelle aussi qu’outre le TGV ( bientôt à 2 heures de Paris), les aéroports de Strasbourg- Entzheim et celui de Baden-Karlsruhe à 30 minutes du Parlement, offrent des vols directs pour Londres et autres capitales. A capter.
Comment parer cette attaque pour les pros "statu quo ante" ?
D’abord, on peut penser qu’il n’appartient pas aux Britanniques dont l’engagement européen est d’une tiédeur froide sinon glacée de donner le ton pour modifier une sereine harmonie, chaude et rarement refroidie jadis, celle « d’ avant leur admission » dans l’orchestre. Depuis leur intégration, ils chantent volontairement faux tandis qu’en flagorneur maladroit jusqu’à la lâcheté, on ( l’UE) les courtise en leur accordant des pupitres ( Ashton et autres) ou des dérogations dans la partition( La Charte), dans l’espoir de les voir s’amender. Au contraire, ils « couacquent » de plus belle, avec arrogance, eux qui ne sont ni dans Schengen, ni dans l’Euroland et assourdissent de fausses notes leurs voisins du nord. Cacophonie volontaire et perfide ? Nostalgie d’un empire perdu, hors d’Europe ? Crainte de voir la City perdre sa puissance qui n’est pas inexpugnable. Et encore....
Enfin reste alors l’action. Et voilà qu’elle arrive sous la forme d’un communiqué publié dans les Dernières Nouvelles d’Alsace. Il émane de Joseph Daul, le président du groupe PPE au Parlement européen qui n’a pas pu donner de consigne de vote à ses troupes pourtant majoritaires ; de la présidente de la délégation socialiste française au Parlement européen, Catherine Trautmann, et enfin, du maire de Strasbourg, le sénateur Roland Ries. Ils y sont unanimes pour défendre le siège strasbourgeois du Parlement européen. Rien que çà ! Voici le communiqué.
La défense du siège du Parlement européen à Strasbourg nécessite de parler d’une seule et même voix
« Face aux énormes moyens déployés par la campagne "One Seat" anti-Strasbourg, recyclant des arguments qui sont les mêmes depuis 20 ans, nous tenons à réaffirmer en premier lieu notre attachement au respect du droit et des traités. L’intérêt suprême de la vocation européenne de Strasbourg, souligné encore une fois par le communiqué du Ministre des Affaires européennes Bernard Cazeneuve au nom du gouvernement, doit transcender les approches partisanes, car c'est bien de la présence d'une institution de l'Union européenne sur le sol de la France dont il s'agit. A ce titre, on ne peut que déplorer les quelques initiatives locales et individuelles qui ne s’inscrivent pas dans la dynamique collective de défense de Strasbourg, capitale européenne. Nous avons cependant toute confiance dans le sens des responsabilités des uns et des autres pour que toutes les forces soient rassemblées dans la bataille que nous avons à mener.
Plus nous serons cohérents, plus nous aurons de poids dans un débat qui est loin de connaître son terme. Cette campagne nuit à Strasbourg et se retourne contre le Parlement lui-même, puisque les actions qu'elle met en œuvre nuisent à l'image même de cette institution et sont contestables y compris devant la cour de justice.
Nous n’avons de cesse de nous mobiliser et continuerons de le faire tant au niveau local qu’aux niveaux national et bien sûr européen. »
Pour un communiqué, c’est vraiment un communiqué, dans le style et dans le contenu qu’on ne pouvait plus convenu. A qui s’adresse-t-il ? A l’électorat strasbourgeois ? alsacien ? Aux« initiatives locales et individuelles » qui semblent contestées ?
Et le président de la République ? Y aurait-il un froid depuis que Monsieur Hollande n’a pas daigné honorer de sa présence le Forum Mondial de la Démocratie ou encore parce que le contrat triennal ( aide de l’Etat pour le rôle européen de Strasbourg et de l’Alsace) tarde et tarde encore ou, pire, l’affaire serait-elle entendue à plus long terme, personne ne voulant cependant en assurer l’annonce ? Tout serait « plié », un plan B serait tout prêt dans les tiroirs ? Départ avec compensations ?
Et dire que l’UE vient d’être distinguée par le prix Nobel de la paix. ! Ce prix revenait très certainement au Conseil de l’Europe qui lui est bien antérieur et œuvre sans relâche pour la démocratie, des Droits de l’Homme et la paix. Erreur de rive à Strasbourg .A Oslo parfois aussi .
L’Union Européenne peut réparer l’erreur en attribuant sa dotation -Nobel au prochain Forum Mondial de la Démocratie. Chiche ! Quelle belle preuve !
Pour les pro-strabourgs, il ne s’agit pas de communiquer du bout des lèvres. Ils attendent une vigoureuse protestation et non une menace, chuchotée, d’aller en cour de justice.
Que le président de la République réaffirme son engagement électoral, qu’il parvienne à obtenir le soutien de Mme Merkel, comme le suggère notre journaliste allemand et dès lors c'en est fait de l’orchestration du groupe libéral jadis pro-Strasbourg et anti aujourd’hui ,depuis l’arrivée à sa tête en 2009 de Guy Verhofstadt, ancien premier ministre belge (tiens donc !) Leur partition resterait notes mortes.
Notre président( si on ose parler de lui comme le fit Fabienne Keller en appropriant à sa Strasbourg " notre parlement ", trouverait là l’occasion de réparer sa défection lors de l’ouverture du Forum Mondial de Strasbourg qui a beaucoup chagriné les participants de tous les continents. Dans certains milieux politiques son absence a même été perçue comme un outrage.
Une idée astucieuse circule : pour réaliser une harmonieuse jonction des sessions ordinaires et additionnelles, elles pourraient se succéder à Strasbourg pendant l’indisponibilité de l’hémicycle de Bruxelles pour raison de travaux de sécurisation urgents. Que d’économies en perspectives ! Il faudrait voir, puisque les arguments se situent à ce niveau. « Single seat for everyone », pour une petite année pour commencer, le temps des travaux.
On peut garder son origami, plié convenablement. ( photo de Gérard Bouquet)
Antoine Spohr. ( article également paru sur Médiapart)