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Le Président François Hollande à Strasbourg le 5 février 2013 : le siège du Parlement européen est acquis mais il faut développer davantage la dimension européenne de Strasbourg

Écrit par Jean-Baptiste Horhant le . Publié dans Divers

Pierre Loeb François Hollande Roland Ries

 

Le Président de la République et Strasbourg

Le Président de la République François Hollande a effectué une visite à Strasbourg le 5 février.

Parmi tous les sujets européens abordés, il s'est longuement exprimé sur le siège du Parlement européen et sur la vocation européenne de Strasbourg, au cours de ses trois interventions publiques, devant les députés européens, au cours d'une conférence de presse au Parlement européen, puis à l'Hôtel de ville.

Retrouvez les vidéos en intégralité ici

Nous vous proposons, ci-dessous en introduction une sélection des phrases-clés sur Strasbourg extraites de ces discours puis l'intégralité de ses propos :

 Propos du président de la République : phrases-clés

Parlement européen de Strasbourg :

« Je ne défends pas simplement Strasbourg parce que c'est dans les traités, je défends Strasbourg capitale européenne parce que c'est l'Histoire »

« Nous avons célébré le 50ème anniversaire du traité d'amitié entre la France et l'Allemagne, et que Strasbourg faisait partie de la réconciliation entre nos deux pays »

« Strasbourg incarne l'histoire et l'avenir de l'Europe, parce qu'il y a des villes qui représentent symboliquement ce qu'est l'Europe »

« Je ne défends pas Strasbourg simplement parce que c'est en France »

« Je défends Strasbourg parce que c’est l’Europe »

 « Si on ne pense pas que Strasbourg peut être le siège du Parlement européen, alors le doute s'installe sur les convictions européennes de chacun, quelles que soient les difficultés matérielles que vos pouvez rencontrer »

 

Conférence de presse

« Strasbourg a une valeur symbolique tout à fait essentielle pour l’Europe »

" Faudrait-il « concentrer le siège de l’Europe dans une seule ville et rapatrier tout ce qui existe dans la plupart des pays européens » ?

« Je n'entends pas les parlementaires évoquer cette question. »

 

Hôtel de ville de Strasbourg: 

« Le siège est acquis, il faut développer la dimension européenne  de Strasbourg»

« Toutes les institutions européennes sont le fruit de compromis entre Etats »

« L’identité de Strasbourg est profondément européenne »

« Réaffirmer l’engagement de la France de défendre et promouvoir le statut de capitale parlementaire européenne »

« Strasbourg incarne le visage politique de l’Europe »

« Il n’est donc pas possible de changer la vocation européenne de Strasbourg sans changer les traités. Or, pour changer les traités, l’unanimité est indispensable. C’est vous dire si nous détenons là le pouvoir d’empêcher quelques remises en cause que ce soit. »

« Je veux, plutôt que de me référer à la lettre qui pourtant nous protège, évoquer l’esprit des traités et de l’Europe ».

« Nous considérons que l’investissement sur Strasbourg est un investissement pour la France ».

« Il ne s’agit même pas d’intérêt national, il s’agit de l’intérêt de l’Europe ».

 

Propos du président de la République sur Strasbourg

Discours au Parlement européen

« La question de Strasbourg puisqu’elle a été posée. Je connais ici la diversité des positions. Mais je ne défends pas simplement Strasbourg parce que c’est dans les traités. Je défends Strasbourg Capitale européenne parce que c’est l’Histoire qui nous rappelle le rôle de Strasbourg.

Parce que, c’est vrai, nous avons célébré le 50ème anniversaire du traité d’amitié entre la France et l’Allemagne et que Strasbourg faisait partie de la réconciliation entre nos deux pays. Je parle de Strasbourg parce que c’est l’Histoire et c’est l’avenir de l’Europe, parce qu’il y des villes qui représentent symboliquement ce qu’est l’Europe.

Je ne défends pas Strasbourg simplement parce que c’est en France, parce que finalement il y a d’autres sièges de l’Europe qui sont dans d’autres pays. Je défends Strasbourg parce que c’est l’Europe. Et si on ne pense pas que Strasbourg peut être le siège du Parlement européen alors le doute s’installe sur les convictions européennes de chacun, quelles que soient les difficultés matérielles que vous pouvez rencontrer.

Merci en tout cas de m’avoir reçu ici à Strasbourg, au siège du Parlement européen. »

 

Discours Conférence de presse :

Question : M. le Président vous avez défendu la ville de Strasbourg comme une ville historique. Les parlementaires n’en doutent pas mais ils parlent du coût de venir ici et des efforts qu’ils considèrent inutile de faire cette navette chaque mois. Qu’est ce que vous avez à dire à eux ?

FH : ils sont parlementaires européens, ça veut dire qu’ils ont une conception de l’Europe.

Ils n’ont pas forcément à évoquer que des problèmes de transports qui doivent être améliorés ou de fonctionnement sinon ce serait l’ensemble des sièges qu’il faudrait regarder.

Donc Strasbourg, je l’ai évoqué ce matin devant le Parlement européen parce que je pense que c’est le meilleur argument au-delà du traité qui est la base juridique qui justifie le siège mais ça a une valeur symbolique tout à fait essentielle pour l’Europe. Sinon il faudrait concentrer le siège de l’Europe dans une seule ville et rapatrier tout ce qui existe dans la plupart des pays européens qui le souhaitent. Ce n’est donc pas aux parlementaires d’évoquer cette question.

 

Hôtel de Ville:

" Strasbourg est une ville capitale puisqu’elle y abrite autant de talents.

J’avais à convaincre le Parlement européen, non pas de la nécessité de garder Strasbourg comme siège de cette assemblée, c’est un acquis, mais pour aller plus loin dans la construction européenne.

Vous êtes déjà ici un Forum suffisamment éclairé pour accueillir les jeunes qui deviendront plus tard chef d’Etat (évocation des études à Strasbourg du Président tunisien Moncef Marzouki).

Je tenais à être ici aujourd’hui non seulement pour parler aux députés européens mais aussi pour m’adresser à vous qui êtes les représentants à de multiples titres de la Ville de Strasbourg. Je suis dans la salle où vous le rappeliez, Monsieur le Maire, s’est tenue la première réunion du Conseil de l’Europe.

Toutes les institutions européennes sont le fruit de compromis entre Etats. Mais elles ont aussi partie liée avec l’Histoire, c'est-à-dire qu’elles y trouvent une raison d’être et leur légitimité.

L’identité de Strasbourg est profondément européenne. C’est la raison pour laquelle je veux réaffirmer mon engagement. Pas mon engagement personnel. Mon engagement au nom de la France de défendre et promouvoir la vocation européenne de Strasbourg capitale européenne. Ce statut, les traités l’ont voulu à partir de compromis. Il n’est donc pas possible de changer la vocation européenne de Strasbourg sans changer les traités. Or, pour changer les traités, l’unanimité est indispensable. C’est vous dire si nous détenons là le pouvoir d’empêcher quelques remises en cause que ce soit.

Et pourtant je ne veux pas simplement me situer par rapport à cet enjeu là. Je peux également me référer à la Cour de Justice (de l’UE) qui vient de confirmer le rétablissement du calendrier des sessions du Parlement européen à Strasbourg.

Mais je veux, plutôt que de me référer à la lettre qui pourtant nous protège, évoquer l’esprit des traités et de l’Europe. Car la vocation européenne de Strasbourg dépasse la reconnaissance juridique. L’Histoire a placé Strasbourg au cœur de l’aventure européenne. Strasbourg a été à la fois témoin de ces déchirements et en même temps de l’unité européenne. Strasbourg symbole de la réconciliation de l’Europe. Symbole de la réconciliation de la France et de l’Allemagne …

Dans cette amitié (franco-allemande) il y avait Strasbourg. Parce que ça faisait partie de ceux que deux chefs d’Etats, de gouvernements (Adenauer – De Gaulle) avaient à l’esprit au moment où ils signaient ce traité. Et comment ensuite s’est confortée la vocation européenne de Strasbourg ? A travers les principes du droit et de la démocratie que consacre la présence de la Cour Européenne des Droits de l’Homme - je salue son ancien président - du Conseil de l’Europe aux coté du Parlement européen.

Strasbourg incarne donc le visage politique de l’Europe quand Bruxelles est le siège de la commission européenne et Luxembourg des institutions judiciaires. Finalement, la séparation des pouvoirs a été bien faite au niveau européen. Pour éviter toute confusion, on a mis le politique à Strasbourg, l’exécutif à Bruxelles et le judiciaire à Luxembourg pour éviter toute confrontation ou toute confusion.

Alors quand nous défendons Strasbourg capitale européenne, ce n’est pas une compétition entre les capitales européennes. Chacune a sa place. Chacune a sa légitimité. Et ce que la France exprime à travers son attachement à Strasbourg, c’est bien le fait que l’Europe est avant tout un projet politique fondé sur le suffrage universel dont le Parlement européen est l’expression.

Ce statut de capitale européenne confère des droits – et vous les revendiquez – mais également des devoirs. Devoirs aussi bien pour l’Etat que pour les collectivités locales. Il nous appartient donc à tous ici rassembler de donner à la Ville, à sa Communauté urbaine – dont je salue le Président- les moyens de son rayonnement et de son attractivité. Aussi Monsieur le Maire de Strasbourg je vous renouvelle le soutien entier de l’Etat pour accompagner vos projets. Car si toutes les grandes villes de France – je ne veux me fâcher à personne – ont des projets, toutes n’ont pas à assumer l’intense vie politique, diplomatique qu’engendre la présence des institutions européennes et comme en témoignent la représentation ici. Toutes les villes n’engagent pas non plus comme Strasbourg les coopérations transfrontalières à travers ce que vous avez déjà engagé.

Alors il y a dans notre République le principe de la continuité. Et moi je me félicite que de majorité en majorité, de Président en Président, il y ait eu toujours cette même volonté depuis 1980 de faire que l’Etat soit aux côtés de la Ville et de la Communauté européenne, du Conseil régional d’Alsace et du Conseil général du Bas-Rhin dans le cadre de ce qu’on appelle les contrats triennaux de développement.

Pour la période 2012-2014, j’annonce que le nouveau plan prévoira 245 millions d’Euros de financement dont 47 seront apportés par l’Etat, ce qui dans le contexte actuel est une manne inespérée pour la Ville de Strasbourg. Parce que chacun connaît les contraintes que nous vivons. Les disciplines que l’Europe, pas simplement que l’Europe, que la France elle-même s’applique pour maîtriser nos déficits et réduire notre endettement. Et pour autant, nous considérons que l’investissement sur Strasbourg est un investissement pour la France.

Nous partageons plusieurs objectifs avec vous, tous les élus ici présents. D’abord améliorer l’accessibilité de Strasbourg. Notamment la desserte aérienne et il m’a été signalé combien celle de Roissy devait être rétablie. Ensuite accroître son prestige culturel grâce à un effort en faveur de la création artistique, de l’éducation, de l’enseignement supérieur et de la recherche. Favoriser aussi le développement des affaires, car une ville peut avoir une vocation politique, elle a aussi une ambition économique. Et enfin conforter la présence des institutions publiques nationale comme l’ENA ou l’INET.

Le projet de loi de décentralisation que le gouvernement prépare contribuera aussi à l’affirmation de Strasbourg puisque cette loi, si elle est votée par le parlement, visera à mieux reconnaître le fait métropolitain qui est un atout considérable pour le développement économique de notre pays. Nous avons besoin de métropoles à taille européenne. Nous avons besoin de métropoles qui puissent fédérer sans jamais confondre les réalités communales mais pour autant avoir la taille nécessaire pour les investissements indispensables. Ces métropoles concentreront les savoirs, les technologies, les qualifications, offriront des perspectives à la jeunesse et donc Strasbourg figurera parmi les grandes agglomérations dans ce projet de loi mais avec une place particulière, que seule Strasbourg peut prétendre disposer. C’est-à-dire le statut d’Eurométropole (applaudissements).

L’Alsace elle-même s’est mobilisée pour défendre sa capitale. Sa capitale promeut également l’Alsace toute entière. Je sais qu’il y aura bientôt une consultation. Je ne m’aventurerai pas à donner mon point de vue. Je sais qu’il y en a autant que de présents dans cette salle, même s’il peut y avoir une orientation ou une tendance, il ne m’appartient pas d’en juger. Ce que je peux dire c’est que l’Etat sera exemplaire par son impartialité, par sa neutralité pour que les Alsaciens fassent connaître leur jugement sur ce processus. Ce que je sais, c’est que vous êtes tous solidaires et que vous avez tous conscience qu’en travaillant pour votre région, en travaillant pour votre département et en travaillant pour l’agglomération et la ville, vous faites bien plus que de défendre un intérêt local. Ici, il ne s’agit même pas d’intérêt national, il s’agit de l’intérêt de l’Europe.

Et c’est la raison pour laquelle l’européen que je suis rencontre le Président de la République pour vous dire tout l’attachement que je porte à la vocation européenne de Strasbourg.

Merci. »


Retrouvez en vidéo, l'allocution du président François Hollande à Hôtel de ville.

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Tags: parlement Hollande

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